samedi 7 février 2009

2009 mobile : l'année du changement pour les smartphones

J'avais terminé l'année 2008 sur un coup de cœur pour le touch HD de HTC, qui devrait rester durablement comme l'un des meilleurs smartphones disponibles sur le marché. Après quelques semaines d'utilisation, les seuls défauts anticipés se confirment : un appareil photo un peu en retrait ainsi qu'une autonomie perfectible (bien que meilleure que les précédents HTC). J'y ajouterai l'absence de crochet pour placer une dragonne ou encore les limites du processeur dans la fluidité de certaines vidéos : bref, cette micro-liste n'enlève rien à l'adéquation parfaite de l'appareil pour un usage professionnel, sans trop pénaliser l'usage personnel.

Dream G1 : le premier mobile HTC tournant sous Android
est annoncé pour le 13 mars en France au prix de 549€ seul

Je pensais bien que le début d'année 2009 serait trop calme pour voir arriver d'autres nouveautés majeures : la pauvreté du CES en janvier dernier semblait confirmer mes propos. Pour autant, à quelques jours du salon Mobile World Congress de Barcelone, force est de constater que les choses commencent à bouger. De nombreuses annonces auront lieu, en complément de ce qui a déjà été dévoilé ces dernières semaines. Projetons-nous donc un peu plus loin dans l'année - et au-delà - pour voir ce que le monde de la téléphonie mobile nous prépare.


2009 : la guerre des OS... et des navigateurs

La première tendance perceptible de 2009 est une bataille autour des systèmes d'exploitation. Jusqu'alors, le match opposait principalement Symbian (détenu par Nokia), Windows Mobile de Microsoft ou encore l'OS BlackBerry (limité à un usage pro).
Dans un statuquo généralisé, Nokia a perdu du terrain ; de son côté, la version 6 de Windows Mobile n'a pas apporté grand chose par rapport à la v5, et surtout pas de successeur au vieillissant Internet Explorer Mobile. Heureusement, le navigateur Opera a pris le relais, notamment dans sa version "Mini", afin de combler quelques-unes des lacunes d'IE Mobile. Pas de quoi révolutionner l'usage des mobiles...

Puis est arrivé l'iPhone, doté d'un "vrai Mac OS", pour reprendre les propos de Steve Jobs. Parfaite illustration du rôle primordial de l'OS dans un appareil, l'iPhone a réussi à s'imposer malgré un hardware quasiment obsolète dès son lancement (pas de 3G au démarrage - et toujours pas de 3G+ aujourd'hui, appareil photo ridicule, batterie non amovible, etc.). Produit parfaitement "time2market", l'iPhone a beaucoup misé sur Safari et les applications Internet : joli calcul, puisque les offres de surf en illimité commençaient à poindre le bout de leur nez. Autre parti pris : repenser totalement la navigation pour tenir compte du tactile, une technologie un peu oubliée depuis les PDA... à laquelle Apple a ajouté le "multi-points", c'est-à-dire concrètement la possibilité d'effectuer des mouvements à deux doigts et non plus un seul.

Première "image volée" d'une version alpha de Windows Mobile 6.5
Présentation officielle ce mois-ci à Barcelone, en attendant Windows 7.

Traumatisme chez tous les constructeurs : le grand public veut désormais du tactile, et il allait falloir s'adapter. Pour l'entrée de gamme, les OS propriétaires ont pu s'adapter rapidement (chez Samsung ou LG par exemple). Pour les smartphones haut de gamme, impossible de faire sans les OS existants. C'est alors que l'on a vu fleurir les "sur-couches" à Windows Mobile, chez HTC puis chez Samsung : l'OS de Microsoft s'est vu grandement customisé, au moins en surface, pour faire vendre du tactile. Mais alors que l'interface du Touch HD s'en sort à peu près correctement, ce n'était pas le cas des tentatives précédentes (bugs et lenteurs à gogo) : on sent bien que l'OS n'a jamais été prévu pour cela.

Afin de poursuivre sa conquête du grand public, Microsoft n'a pas le choix : sortir une version "6.5" de Windows Mobile sans attendre l'aboutissement de l'ambitieuse version 7, censée révolutionner les OS Mobile. Au programme, une page d'accueil présentant des icônes en "alvéoles" (cf. image ci-dessus), cliquables via l'écran tactile et davantage orientés vers les usages multimédia. Bref, une "petite évolution" comme le résume le site Lesnumeriques, mais suffisante pour répondre aux attentes actuelles du marché.

En attendant les "révolutions" futures, la fondation Mozilla a une autre approche : "pourquoi ne pas reproduire sur mobile le succès de Firefox sur les ordinateurs de bureau ?" Rumeur lancinante depuis plusieurs mois (pardon, plusieurs années), Firefox mobile a enfin un visage : celui de Fennec. Une version de développement alpha est d'ores et déjà disponible, que vous pouvez d'ailleurs tester sur votre PC via un émulateur. Il y a encore du travail, mais les principes de navigation sont prometteurs : les accrocs aux onglets seront ravis.
On ne sait pas encore précisément sur quelle(s) plate(s)-forme(s) ce navigateur sera disponible, mais il est peu probable que Fennec demeure réservé aux mobiles sous Linux : la sortie d'une version Windows Mobile semble évidente.


Une année "in the cloud"

De son côté, Google poursuit sa politique de "garbage can", à savoir lancer des produits tout azimut et évaluer ensuite leur pertinence par rapport au marché. Android, un OS open source destiné aux téléphones mobiles, est sans aucun doute plus "réfléchi" que la majorité des autres produits lancés par la firme américaine, et traduit une volonté plus stratégique de s'imposer chez les utilisateurs au-delà du navigateur web.
Les atouts d'Androïd ? Un OS 100% open-source, et 70% "in the cloud". En effet, cet OS est avant tout prévu pour mettre en avant les services de Google (GMail, Gtalk, Google Reader, Google Calendars, Google Maps, etc.), c'est-à-dire des applications SaaS 100% en ligne. Pour les compléter, un kit de développement permettra à tous de tirer partie du caractère open-source de cet OS. Pour diffuser ces applications tierces, Google vous invite à les proposer en téléchargement... sur l'android Market ! Qui a parlé d'Apple Store ? Il n'est donc pas surprenant qu'un Windows Mobile MarketPlace ait été commandé en urgence par les dirigeants de Microsoft.

Mais Google n'est pas le seul à jouer la convergence entre OS, applications et synchronisation "in the cloud. Palm, l'ancien Goliath tombé de son pied d'estalle, revient à la charge avec un produit intéressant : le Palm Pre.

Le Palm Pre a pour ambition de vulgariser
le smartphone haut de gamme

Le Palm Pre est LA seule bonne surprise du CES du mois dernier. Son design épuré en forme de galet cache des caractéristiques haut de gamme. Sans rentrer dans le détail, le Palm Pre rassemble un écran tactile, un clavier complet sous forme de slider, ou encore un socle à contact magnétique très séduisant qui permet à la fois la recharge et la synchronisation. Afin de démocratiser cet appareil orienté haut de gamme, Palm pourrait casser les prix par rapport aux produits équivalents tournant sous Windows Mobile, ou encore par rapport à l'iPhone.

Mais la nouveauté réside également dans l'OS, totalement revu et adapté à la navigation tactile. Malgré de grands airs d'iPhone, Palm revendique sa différence : le principe directeur consiste à rassembler facilement toutes vos données dans votre mobile, sans avoir à passer des heures pour paramétrer les synchronisations avec votre PC perso, votre PC de bureau, etc. En somme, ce n'est pas si nouveau que ça : tout dépendra de la facilité d'utilisation annoncée, chose que l'on ne peut pas porter à crédit de toutes les tentatives concurrentes.

En échos à cette volonté permanente de synchronisation, en tout lieu et à tout moment, le n°1 mondial Nokia se devait de réagir. Tout en réfléchissant à l'avenir de son OS Symbian, Nokia Beta Labs présente le service OVI. OVI, c'est un peu le "Mobile Me" de Nokia, c'est-à-dire un service qui permet de stocker toutes vos données à distance (mails, calendrier, photos, etc.) , et ainsi de synchroniser tous vos appareils (PC fixe, PC portable, téléphone mobile) quel que soit le lieu où vous vous trouvez. Vous pouvez également accéder à ses données directement depuis le site web support au service, en l'occurrence ovi.com. En bref, une navigation in the cloud... Nokia saura-t-il promouvoir ce service à sa juste valeur, ou OVI fera-t-il parti des nombreuses innovations du scandinave à rester confidentielles ?


Quoi de neuf côté hardware ?

J'ai lu il y a quelques semaines cette intéressante info de Nghia sur MobiFrance, expliquant que le mobile "Aquos FullTouch 931SH" de Sharp avait été élu meilleur téléphone japonais de l'année 2008. Sharp ? Aquos ? Peu de français doivent savoir que Sharp est également constructeur de mobile, et encore moins que la gamme "Aquos" - connue chez nous pour les écrans TV - se décline sur les téléphones.
Et pourtant, on ignore trop le niveau des caractéristiques des mobiles asiatiques, notamment japonais :
- écran de 3.8 pouces "16:9e" d'une résolution 1024 * 480 pixels
- appareil photo 5.2 M de pixels avec stabilisateur d'image
- tuner TV Mobile 1-Seg, 3G, bluetooth 2.0
- lecteur Micro SD et accéleromètre
- form factor de type slider, en plus de l'écran tactile

Premières photos du Sharp 932SH FullTouch,
autre modèle annoncé pour ce début d'année


Peut-être lui préférerez-vous le prochain Sharp 932SH et son appareil photo de 8M de pixels... Côté concurrence - asiatique évidemment - on n'est pas en reste. Samsung a ainsi présenté le SCH-W740 aux caractéristiques assez proches du 932. Plus innovant, le japonais Hitachi annonce le premier mobile avec affichage 3D : le H001 - c'est son nom - serait ainsi capable d'afficher des vidéos 3D (avec les fameuses lunettes ultra sexy ?), comme pourquoi pas le premier porno 3D au budget de 4 millions de dollars :)

Le premier mobile à écran 3D, par Hitachi

Si l'on se projette un peu plus loin, on constate que les cerveaux chauffent un peu partout dans les équipes R&D. Dernière illustration en date : un concept de téléphone mobile Open Source imaginé dans le cadre du programme Mozilla Labs' Concept Series, qui fédère les créateurs autour des problématiques liées aux produits de la fondation Mozilla.

Ce mobile Open-source de Mozilla, qui n'est qu'à l'état de concept, rassemble deux idées intéressantes :
- d'une part, le principe de contextualisation des boutons d'actions : selon l'application ou le contexte de navigation, l'utilisateur n'a pas besoin des mêmes touches. Les écrans tactiles utilisent à fond ce principe, mais on perd la sensation et la réactivité d'une touche "mécanique".
- d'autre part, le principe du fameux clavier Optimus, dont chaque touche intègre un écran OLED couleurs.

Concept de mobile par Mozilla Labs, les créateurs de firefox et de Fennec.
Le principe : des touches à écran OLED qui s'adaptent au contexte de navigation.


Au final, le concept permet de modifier le visuel de chaque touche en fonction du contexte de navigation dans le téléphone. Un principe intéressant, surtout couplé à une approche d'OS Open Source à l'instar d'Androïd. Reste à savoir si le produit sera "time2market", étant donné le prix exorbitant du clavier Optimus (qui coûte, de mémoire, plus de 1000$). De quoi nous faire rêver encore longtemps !